mardi 3 juin 2008

Plainte pour délit d’esclavage au Niger
Afrique de l'Ouest - Niger

Niamey, Niger – La Cour de justice de la Co mmunauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) siège depuis lundi à Niamey en vue de statuer sur la plainte d'une citoyenne nigérienne contre son Etat pour "esclavagisme", indique-t-on de source officielle.La plaignante, Mme Hadijatou Mani Koraou, 24 ans, et originaire de Dogaraoua, dans la région de Tahoua (centre) se dit avoit été “cédée” comme "Wahaya", une pratique de mariage encore en vigueur dans certaines communautés traditionalistes du Niger, où les maîtres et les propriétaires d'esclaves femmes les prennent ou les cèdent, moyennant finances, comme épouses.Dans ce genre de pratiques il n'y a ni consentement, ni choix du conjoint par la victime, qui garde son rang et son statut d'esclave et peut être exposée à toute sorte de brimades.Dans l'affaire Hadijatou Mani Koraou, comme le permet du reste la loi pénale nigérienne révisée, une organisation de la société civile nigérienne, en l'occurrence l'association “Timidria” de lutte contre l'esclavage, est partie civile au procès.Hadijatou Mani Koraou a saisi la Cour de Justice de la CEDEAO parce que ses multiples recours devant les tribunaux nigériens semblent n'avoir pas produit d'effet, car la pratique de "Wahaya" semble être une pratique légale au regard de la coutume des communautés qui la pratiquent.La cérémonie d'ouverture de cette audience s'est déroulée à la Cour suprême, en présence notamment du président de l'Assemblée nationale, El Hadj Mahamane Ousmane, du Premier ministre, Seini Oumarou, du ministre de la Justice, Gardes des Sceaux, Dagra Mamadou, ainsi que de plusieurs magistrats et auxiliaires de la justice.Les présentes assises de la Cour de justice de la CEDEAO, qui se tiennent pour la première fois au Niger et pour la 2ème fois sur le territoire d'un des 15 Etats membres de l'organisation, sont présidées par l'honorable Aminata Mallé-Sanogo et de deux juges assesseurs : Awa Nana Daboya et El Mansour Tall.En procédant à l'ouverture officielle de cette audience, la présidente de la Cour, l'honorable Aminata Mallé-Sanogo, a dans une allocution, expliqué que "l'audience qui s'ouvre ce jour fait suite à l'Arrêt du 24 janvier 2008 qui a décidé dans l'affaire Dame Hadijatou Mani Koraou contre la République du Niger, que son instruction aura lieu ici même à Niamey en application de l'article 26 du Protocole de 1991, relatif à la Cour"."Cet article dispose: le siège de la Cour est fixé à Abuja par la Conférence. Toutefois, lorsque les circonstances ou les faits de la cause l'exigent, la Cour peut décider de siéger sur le territoire d'un autre Etat membre".Cette décision, a poursuivi la présidente de la Cour, a été prise en raison non seulement de l'état d'impécuniosité de la requérante, mais aussi et surtout de la nécessité d'assurer le libre accès à la justice de tous les citoyens de l'espace CEDEAO.La Cour de justice de la CEDEAO a déjà eu à siéger sur le territoire malien dans l'affaire Moussa Léo Keita contre la République du Mali.L'audience de la Cour qui s'est ouverte hier et qui est publique, est prévue pour durer cinq jours. Niamey - 08/04/2008Panapress
L’esclavage existe encore…. Par Vincent Pellegrini (1) — Associated Press : Un procès engagé contre le gouvernement du Niger par une femme qui affirme avoir été asservie pendant dix ans a débuté lundi devant un tribunal international. Il s’agit de la première affaire d’esclavage au Niger à être portée devant la justice. Elle l’a fait devant une instance internationale car elle «estime qu’elle ne peut obtenir une réparation équitable devant aucun tribunal au Niger», selon la coordinatrice Afrique de l’ONG Anti-Slavery International, Romana Cacchioli. Interdites par l’Afrique, des formes d’esclavage moderne persistent en effet en Mauritanie, au Niger et au Soudan, dans la région du Sahara. Selon Anti-Slavery International, 43.000 personnes sont ainsi asservies au Niger.