mardi 28 octobre 2008

27-10-2008 23:14:35




Niger - CEDEAO - Gouvernance



La Cour de justice de la CEDEAO condamne l’Etat du Niger à verser 10 millions de FCFA pour « esclavagisme »

APA-Niamey (Niger) La cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a condamné lundi l’Etat du Niger à verser 10 millions de FCFA à une jeune femme qui a porté plainte contre son pays pour délit d’esclavage, a appris APA de bonne source à Niamey.

Dans sa décision publiée lundi, le tribunal communautaire, saisi pour la première fois pour une affaire d’esclavage a jugé que l’État du Niger était «responsable» de l’état d’asservissement enduré par Dame Hadidjatou Mani Koraou.

Hadidjatou Mani Koraou, 25 ans, a été vendue à l’âge de 12 ans pour 240.000 FCFA par son ex-époux pour lequel elle servait de « Wayi », cinquième femme prétendument esclave, selon une coutume largement développée dans certains milieux sociaux du Niger.

Selon la décision de la Cour de justice de la CEDEAO, la jeune femme a «été victime d’esclavage » et la République du Niger en était responsable pour «inaction », alors même que l’esclavage est passible de 10 à 30 ans de prison ferme au Niger depuis la réforme de la loi pénale en 2003.

La cour, qui ne prononce pas de peines d’emprisonnements, a ainsi demandé à l’Etat du Niger de verser la somme de 10 millions FCFA pour les préjudices subis par la jeune femme qui en réclamait 50 millions de réparation.

L’Etat du Niger n’est pas cependant jugé responsable pour les discriminations endurées par la victime durant ses dix années en tant qu’esclave, tranchant que ces faits sont attribuables à son ancien maître, un sexagénaire touarègue.

La justice nigérienne n’a pas assumé sa mission de protection de la victime indique la Cour, saisie en avril dernier par la plaignante qui avait été déboutée en appel, après avoir gagné son premier procès devant un tribunal à Konni, au sud du Niger.

« Il s’agit d’une décision qui crée un précedent prometteur pour la lutte contre l’esclavage et toute forme de discimination » a indiqué l’avocat de la plaignante,Me Abdouramane Chaibou, joint lundi au téléphone par APA.

Selon lui, «même si la Cour (de la justice de la CEDEAO) ne prononce pas de peines d’emprisonnements, elle en donne des décisions qui rappellent les Etats à l’ordre ».

Interrogé par la radio Anfani de Niamey, le ministre nigérien de l’intégration africaine, Saidou Hachimou, a affirmé que l’Etat du Niger se soumettra à la décision de la cour de justice de la CEDEAO en s’engageant à verser le montant prévu.

On estime à près de 800.000, le nombre de personnes victimes d’esclavages, selon une étude controversée publiée en 2005 par l’association Timidria, qui lutte contre les pratiques esclavagistes dans le pays.


DS/aft/APA
2008-10-27
Niger / Esclavage: L’Etat nigérien condamné par la Cour de justice de la CEDEAO

Ecrit par RFI: Article publié le 27/10/2008 Dernière mise à jour le 27/10/2008 à 20:34 TU,

Pages vues : 851


La Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), saisie par la victime, a considéré que l’Etat nigérien n’a pas été en mesure de protéger la plaignante contre la pratique de l’esclavage qui perdure dans le pays, malgré son interdiction officielle en 1960. Adijatou Mani Koraou, aujourd’hui âgée de 24 ans, a été vendue à l’âge de 12 ans pour 240 000 francs CFA (366 euros) par un esclavagiste touareg. Elle était ensuite devenue la cinquième épouse d’un habitant de la région de Birni N’Konni, dans le centre-sud du pays, pendant neuf ans. Le gouvernement nigérien va respecter la décision du tribunal et va payer des dommages-intérêts à la jeune femme.

Adijatou Mani Koraou réclamait 50 millions de francs CFA (près de 76 000 euros) de « réparations » à l’Etat du Niger pour n’avoir pas été en mesure de la protéger contre l’esclavage. Mais le tribunal ne lui a accordé que 10 millions (15 000 euros), considérant que l’Etat n’était pas responsable des discriminations qu’elle a subies pendant neuf ans. Le tribunal a néanmoins tenu la République du Niger pour « responsable de l’inaction » de ses services administratifs et judiciaires, selon l’arrêt lu par Aminata Malle-Sanogo, la présidente de ce tribunal mobile qui se déplace en fonction des affaires à traiter. Cette Cour ne prononce pas de peines d’emprisonnement, mais seulement des rappels à l’ordre contre des Etats.

« Je remercie Allah d’être libre comme vous tous. Avec les 10 millions, je vais m’occuper de moi-même, me faire plaisir, et je vais aussi essayer de monter un petit commerce » a déclaré la plaignante à la sortie du tribunal. Soutenue par l’organisation non gouvernementale nigérienne Timidria (« Fraternité » en langue touareg) et par des associations humanitaires étrangères comme Anti-Slavery International, basée à Londres, Adijatou Mani Koraou avait d’abord saisi les tribunaux locaux. Après avoir gagné en première instance, elle avait été déboutée en appel, avant de porter plainte devant la Cour de la CEDEAO. Selon Anti-Slavery International, la jeune femme a vécu dans un état de « soumission totale », forcée à travailler au foyer et dans les champs de son maître, subissant également des violences sexuelles. Elle a ainsi donné naissance à trois enfants, dont deux ont survécu. Elle avait même été emprisonnée pour bigamie, lorque son ancien maître s’opposa à son mariage avec un autre homme.

L’esclavage, officiellement aboli au Niger en 1960, est théoriquement passible de 10 à 30 ans de prison ferme. L’organisation Timidria a réalisé une enquête en 2003 et a recensé plus de 800 000 esclaves dans ce pays de 12 millions d’habitants. Depuis une décenie, une polémique oppose les autorités nigériennes et les organisations anti-esclavagistes. Le jugement qui vient d’être pris par la Cour ouest-africaine est considéré comme étant une décision historique, pouvant avoir des répercussions dans d’autres pays du continent - comme la Mauritanie, le Tchad, le Burkina Faso et le Mali - où des cas d’esclavage ont été également été signalés par des organisations humanitaires.

Maître Ibrahima Kane, membre d'Interights
Le Centre international pour la protection juridique des droits de la personne

« Le juge n'a même pas soulevé cette question fondamentale de l'esclavage mais s'est contenté de régler d'autres aspects mineurs de la relation avec son maître. »
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West African Court Convicts Niger in Slavery Case
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By REUTERS
Published: October 27, 2008
Filed at 3:16 p.m. ET

Skip to next paragraph NIAMEY (Reuters) - West Africa's regional Court of Justice convicted the state of Niger on Monday of failing to protect a 12-year-old girl from being sold into slavery, in what campaigners hailed as a victory for human rights.

The ECOWAS Court of Justice said Niger had failed in its obligations to Hadijatou Mani, sold into slavery as a child in 1996 for around $500 and regularly beaten and sexually abused.

"I am very happy with this decision," Mani, now 24, told reporters at the court. She spoke via an interpreter in the Hausa language spoken widely in Niger, in the Sahel region on the southern fringe of the Sahara.

Rights groups welcomed the ruling: "This historic verdict sets a legal precedent that we can take to neighboring states where slavery remains an issue," said Romana Cacchioli, Africa Program Co-ordinator for Anti-Slavery International.

The case against the state was brought with the help of British-based anti-slavery organizations to press African governments to stamp out slavery, which campaigners say is rife in some African countries despite legal prohibitions.

The court sentenced Niger to pay 10 million CFA francs ($19,030) in damages. There is no right of appeal.

Mani said she would use the damages to build a house and send her children to school "so they can have the education I was never allowed as a slave."

Mani was once jailed for bigamy by a Niger court when her former master opposed her marriage to another man, insisting she had automatically become his own wife when he freed her in 2005.

"These events were in the past. This was about righting a wrong, and the Court of Justice saw fit to say this is what should be done. Niger will accept that," Niger's African Integration Minister Saidou Hachimou told reporters.

"It is now 2008 and I think Niger has made significant progress regarding slavery with the law voted in 2003 abolishing slavery," he added.

"WE ARE ALL EQUAL"

London-based Anti-Slavery International says 43,000 people are enslaved in Niger despite the 2003 law. Activists say slavery is common in some other countries, including Mauritania and Sudan.

"It was very difficult to challenge my former master and to speak out when people see you as nothing more than a slave. But I knew that this was the only way to protect my child from suffering the same fate as myself," she said in comments published by Anti-Slavery International.

"Nobody deserves to be enslaved. We are all equal and deserve to be treated the same ... no woman should suffer the way I did," she said.

Anti-Slavery International said Mani had been born the daughter of a slave and was bought by El Hadj Souleymane Naroua, a friend of her mother's master, at the age of 12.

She worked for Naroua for nearly 10 years doing unpaid household chores and agricultural labor and was used as a sex-slave, known locally as a "wahiya," bearing three of his children, the organization said.

Local anti-slavery group TIMIDRIA said the decision would force Niger to face up to the practice of slavery.

"This decision belies the position that the authorities in Niger always take, which is to deny the existence of slavery," the group's president Ilguelas Weila said. "Hadijatou Mani is a concrete case which blows all that away," he said.

(Reporting by Abdoulaye Massalatchi; writing by Alistair Thomson; editing by Daniel Magnowski and Michael Roddy)
CEDEAO : L'Etat du Niger condamné dans une affaire d'esclavage
La Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), a condamné, lundi, l'Etat du Niger à verser 10 millions de francs CFA pour préjudices subis dans une affaire d'esclavage d'une jeune Nigérienne du nom de Hadiza Mani Koraou.

La cour a reconnu que la jeune fille a été victime d'esclavage et a rendu l'Etat du Niger "responsable de l'inaction de ses services administratifs et judiciaires", selon l'arrêt lu par la présidente de cette cour, Mme Aminata Sanogo.

La plaignante, Hadiza Mani Koraou, 24 ans, a été vendue à l'âge de 12 ans pour 240.000 FCFA, par un esclavagiste touareg de la région de Konni (centre du pays).

Elle réclamait 50 millions de FCFA à l'Etat du niger.

La Cour de la CEDEAO a demandé à l'Etat du Niger de lui verser 10 millions de FCFA pour préjudices subis.

Soutenue par l'Association de lutte contre l'esclavage "Timidria" et l'ONG "Anti-slavery international", Hadiza Mani Koraou a d'abord saisi les tribunaux locaux. Après avoir gagné son procès en première instance, elle a été déboutée en appel. Sur demande de Timidria, la Cour de justice de la CEDEAO s'est déplacée à Niamey en avril dernier pour rejuger l'affaire.

"Le gouvernement du Niger est disposé à respecter le verdict de la cour", a promis le ministre nigérien de l'Intégration africaine et des Nigériens à l'extérieur, Saidou Hachimou.

"J'avais le sentiment que si les administrations judiciaires nigériennes fonctionnaient normalement, il n'y aurait pas eu besoin de faire déplacer une juridiction internationale pour rejuger cette affaire", a déclaré, pour sa part, l'avocat de la victime, Me Chaïbou Kader.

Panapress
Société 27/10/2008 - 13:42

Le Niger condamné pour esclavage par la Cédeao
La Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédeao) a condamné lundi l'Etat du Niger pour n'avoir pas protégé une jeune fille vendue comme esclave à l'âge de 12 ans pour une somme équivalente à 500 dollars."Je suis très heureuse de cette décision" a déclaré aux journaliste l'intéressée, Hadijatou Mani, aujourd'hui âgée de 24 ans, dont le cas a été porté en justice grâce à l'aide d'associations britanniques de lutte contre l'esclavage. Le Niger a été condamné à verser 10 millions de francs CFA (près de 20.000 dollars) en dommages-intérêts à Mani, qui a été un moment emprisonnée dans son pays pour bigamie lorsque son ancien maître s'opposa à son mariage avec un autre homme lors de son affranchissement, en 2005. Mani, née fille d'esclave, avait été achetée en 1996 par El Hadj Souleymane Naroua, un ami du maître de sa mère, pour lequel elle a travaillé près de dix ans sans être payé et auquel elle a donné trois enfants selon une coutume locale d'esclavage sexuel connue sous le nom de "wahiya".
Une cour régionale africaine condamne le Niger pour esclavage
LE MONDE 28.10.08 14h30 • Mis à jour le 28.10.08 14h30
e destin maudit d'Hadijatou Mani, une jeune Nigérienne de 24 ans, semblait tracé. Fille d'esclave du centre du Niger, elle l'était devenue elle-même dès l'âge de 12 ans, vendue 500 dollars à un maître qui ne l'exploitait pas seulement pour les travaux domestiques et agricoles mais également comme wahiya, une esclave sexuelle. Lundi 27 octobre, Hadijatou Mani est entrée dans l'histoire de son pays en le faisant condamner par la Cour de justice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) : première condamnation pour le Niger sur un tel sujet, premier cas de la sorte jugé par cette instance régionale. L'Etat nigérien est coupable de n'avoir pas protégé la jeune femme à laquelle il doit verser 10 millions de francs CFA (15 000 euros) de dommages et intérêts. Hadijatou Mani en réclamait cinq fois plus.
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Avant de recourir aux instances judiciaires régionales - grâce au soutien des organisations non gouvernementales britannique Antislavery International, nigérienne Timidria et le Centre international pour la protection judiciare des droits de l'homme (Interights) -, la jeune femme s'était tournée vers la justice de son pays. Son courage mal récompensé ne lui avait alors valu qu'une peine d'emprisonnement de six mois. Pour "bigamie", avaient tranché les juges nigériens. La cour avait en effet donné raison à une loi coutumière voulant qu'elle devienne l'épouse légale de son maître après son affranchissement en 2005.
La jeune femme, elle, avait préféré épouser un autre homme plutôt que ce El-Hadj Souleymane Naroua, son ancien maître et ami de celui qui, des années auparavant, réduisit en esclavage la mère d'Hadijatou Mani. La procédure judiciaire pour crime d'esclavage intentée contre El-Hadj Souleymane Naroua a été suspendue dans l'attente de la décision de la Cedeao. Elle pourrait donc reprendre.
La victoire judiciaire, lundi à Niamey, de la jeune nigérienne pourrait dépasser son cas personnel. "Cela a valeur d'exemple pour toutes les personnes subissant le même sort, espère Romana Cacchioli, d'Antislavery International. Elle démontre qu'une femme issue de la classe la plus défavorisée peut faire reconnaître ses droits. C'est aussi un message adressé, notamment, aux pays de la région". "Nous prenons acte de cette condamnation. Nous sommes légalistes et respecterons la décision", a promis l'avocat du gouvernement nigérien, Mossi Boubacar.
Les ONG attendent également que Niamey lutte plus radicalement et plus concrètement (campagne de sensibilisation, formation des personnes judiciaires, éducation...) contre "cette pratique ancrée dans la culture des habitants", explique Romana Cacchioli. Selon Antislavery, le Niger, signataire des conventions internationales interdisant et pénalisant l'esclavage, compterait environ 43 000 esclaves (sur 12 millions d'habitants). En Mauritanie, ce phénomène toucherait 18 % de la population. Le Mali n'est pas épargné. Dans le monde, il y aurait plus 12 millions d'esclaves, selon la même source.

jeudi 11 septembre 2008

Le combat contre l'esclavage au Niger primé

Légende photo: Ousmane Toudou, lauréat du «Prix suisse des radios du Sud 2003». (swissinfo)
Sur le même sujet
21.09.2003 Un festival qui se veut bâtisseur
L’esclavage est bien vivant au Niger. Un reportage de Radio Anfani dénonce vigoureusement cette situation.
Dans le cadre du Festival Médias Nord-Sud, «Le Prix suisse des radios du Sud 2003» a été remis au journaliste Ousmane Toudou. Rencontre.
Le Niger. Un pays démocratique depuis une douzaine d’années. Et un pays où l’esclavage, ancré dans les traditions, reste de mise, sur l’ensemble du territoire.
Avec une dureté particulièrement extrême parmi les ethnies nomades, les Touaregs en particulier, ces mêmes Touaregs qui font tant rêver les Occidentaux.
Le poids de la tradition
Le Niger, un pays où un «maître» peut châtier ses esclaves, allant éventuellement jusqu’à la castration. En toute légalité? Non. Mais la force de l’habitude, le poids des mentalités, se moquent parfois de la Loi.
Comme le constate Ousmane Toudou, il est difficile de faire bouger les choses, car «il y a des esclavagistes parmi les politiciens et même parmi les défenseurs des droits de l’Homme».
Plus grave encore, peut-être: «Les esclaves eux-mêmes ne veulent pas toujours se libérer: un esclave ne sait rien faire d’autre que ce que le maître veut qu’il fasse. Et le maître le nourrit. Il y a donc la peur du lendemain», constate le journaliste. Et aussi la peur de parler.
Pourtant, l’Association nigérienne Timidria articule le chiffre de plus de 850’000 esclaves. Mais son décompte n’est sans doute pas exhaustif.
C’est cette situation scandaleuse que Ousmane Toudou a voulu dénoncer à travers une émission intitulée «Les pratiques esclavagistes au Niger et la démocratie: le paradoxe nigérien». Une émission produite par le média qu’il dirige, «Radio Anfani», la deuxième station privée du pays.
L’encouragement du Nord
Le Prix suisse des radios du sud, créé par swissinfo/SRI et géré aujourd’hui par la Radio suisse romande, a été remis mercredi après-midi à Ousmane Toudou pour Radio Anfani.
Un prix qui souhaite encourager «les valeurs citoyennes, l’engagement démocratique, le courage journalistique, ainsi que le souci de qualité formelle». Un prix décerné sous forme de matériel technique et de formation journalistique ou technique dispensés sur le terrain par des collaborateurs de radios suisses.
Ce prix, Ousmane Toudou l’apprécie: «C’est un très grand plaisir, d’abord par rapport au travail sur l’esclavage que je mène depuis plusieurs années. Le fait que cette émission soit primée, qu’on puisse l’écouter sur Internet, cela aidera peut-être à apporter un changement», dit-il.
Car sa préoccupation principale reste celle-ci: que son travail participe à faire bouger les choses.

Ousmane Toudou et René Tchouamo à la TSR (swissinfo)
Un prix… et ensuite?
De la même façon, le lauréat de l’année dernière, le Camerounais René Tchouamo, de CRTV Baffoussam, rêve aussi de changement.
Il avait été primé pour un reportage intitulé «Villes du Sud, poubelles de celles du nord?», qui évoquait les poulets défraîchis, les médicaments périmés, les produits nocifs, les fripes inutiles que le Nord déverse ‘généreusement’ sur le Sud.
Le prix qu’il a reçu, René Tchouamo, également présent cette année à Genève, s’en réjouit. Mais ajoute: «J’avais une autre attente, qui jusqu’ici n’a pas été comblée: le sujet que j’ai traité ayant des ramifications ici, en Europe, je m’attendais à ce que quelqu’un prenne le relais pour mener l’enquête au Nord.»
Et d’ajouter: «Savoir pourquoi des produits que vous ne voulez plus se fabriquent encore, et se retrouvent dans les pays du Sud. J’espère qu’en accordant des interviews cette année, mon propos va faire tache d’huile.»
Un luxe «insolent»
Le Festival Médias Nord-Sud se tient au siège de la Télévision suisse romande, à Genève, ouvert au public à cette occasion. Projections dans un vaste studio, bar, échanges divers. Autant Ousmane Toudou que René Tchouamo se réjouissent des rencontres qui ont lieu, des expériences qui se transmettent, des relations qui se tissent.
Mais le journaliste camerounais émet toutefois une réserve: «Pour un Africain qui vient découvrir cet univers, cela fait un peu… insolent. Pourquoi? Quand on compare nos conditions de travail et ce qu’on voit ici, on se dit que c’est un luxe insolent. Et on regarde cela avec un peu de jalousie!»
Alors il suggère une idée: «Si un jour on pouvait délocaliser ce genre de manifestations et les tenir en Afrique, peut-être que cela nous apporterait bien des choses». Le Festival Médias Nord-Sud édition 2004, à Niamey ou à Yaoundé? Voilà qui serait intéressant…
swissinfo, Bernard Léchot à Genève

jeudi 24 juillet 2008

PLAINTE CONTRE L’ÉTAT DU NIGER POUR FAITS D’ESCLAVAGE UN PROCÈS SANS PRÉCÉDENT

Par une procédure qui fera jurisprudence, une ancienne esclave poursuit l’État du Niger devant la Cour de Justice de la Communauté économique des États d’Afrique Occidentale (ECOWAS). L’affaire sera plaidée le 7 avril 2008, au motif que le Niger n’a pas fait le nécessaire pour appliquer les lois contre l’esclavage.

Le gouvernement du Niger est accusé d’avoir, malgré la loi de 2003 faisant de l’esclavage un crime, d’une part échoué à protéger Hadijatou Mani de la mise en esclavage, d’autre part de continuer à légitimer cette pratique à travers le droit coutumier, discriminatoire à l’égard des femmes et en contradiction évidente avec son propre code criminel et sa constitution.

Hadijatou a été vendue à l’âge de douze ans pour £ 250 et a été utilisée comme domestique et travailleuse agricole. Elle était aussi esclave sexuelle, ou sadaka, pour son maître, qui avait déjà quatre épouses et sept autres sadaka. Hadijatou a servi pendant dix ans ce maître et sa famille. Elle ne touchait aucun salaire, vivait dans la totale dépendance à son maître, soumise régulièrement à des coups et à des violences sexuelles. Ces circonstances correspondent parfaitement à la définition de l’esclavage acceptée depuis longtemps par la communauté internationale : “L’état ou condition d’une personne privée en partie ou en tout de son propre droit de propriété.” (Convention de l’ONU sur l’esclavage, 1926).

En 2005, son maître lui rendit la liberté - la munissant d’un “certificat de libération” - avec l’intention de légaliser sa “relation” à elle. Mais, lorsqu’ Hadijatou voulut profiter de sa liberté retrouvée et partir, il refusa net, prétendant qu’elle était en fait son épouse. Elle s’adressa à un tribunal local qui jugea qu’il n’y avait pas eu mariage, qu’elle était donc libre. Hadijatou épousa alors un homme de son choix, mais son ancien maître porta plainte contre elle pour bigamie. Lors du nouveau procès, le juge se prononça en faveur du maître et elle fut condamnée à six mois de prison.

Pour sa défense, les avocats locaux sont assistés par le Centre international pour la protection juridique des droits de l’homme (INTERIGHTS), et soutenus par Anti-Slavery International et Timidria. Hadijatou demande réparation à la Cour de Justice d’ECOWAS au motif que le Niger a violé ses obligations liées à la Charte africaine des droits humains et droits des peuples, au Pacte international des droits civils et politiques, à la Convention pour l’élimination de toutes formes de discrimination envers les femmes, à la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant, à la convention sur l’esclavage et la convention additionnelle sur l’abolition de l’esclavage, la traite, et toutes institutions ou pratiques analogues - tous textes ratifiés par le Niger, ainsi que ses lois propres.

43 000 personnes au moins sont maintenues en esclavage au Niger. Elles naissent au sein d’une classe établie d’esclaves et sont tenues de travailler selon les volontés de leur maître, y compris comme bergers ou domestiques, sans aucun salaire. Les esclaves se transmettent, peuvent être offerts en cadeau et se voir ôter leurs enfants en bas âge. Ils n’ont ni droits, ni faculté de choix.

Un jugement favorable établirait un précédent juridique quant à la protection contre l’esclavage. En outre, comme les décisions d’ECOWAS s’appliquent à tous les États membres, ce résultat pourrait avoir un effet important sur les questions d’esclavage et de droits humains au-delà du Niger. Le sens du message serait que la prohibition juridique de l’esclavage, déjà ancienne, doit être mise en pratique, et il permettrait de clarifier en pratique les obligations des États vis-à-vis de l’éradication de l’esclavage.

mardi 3 juin 2008

Plainte pour délit d’esclavage au Niger
Afrique de l'Ouest - Niger

Niamey, Niger – La Cour de justice de la Co mmunauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) siège depuis lundi à Niamey en vue de statuer sur la plainte d'une citoyenne nigérienne contre son Etat pour "esclavagisme", indique-t-on de source officielle.La plaignante, Mme Hadijatou Mani Koraou, 24 ans, et originaire de Dogaraoua, dans la région de Tahoua (centre) se dit avoit été “cédée” comme "Wahaya", une pratique de mariage encore en vigueur dans certaines communautés traditionalistes du Niger, où les maîtres et les propriétaires d'esclaves femmes les prennent ou les cèdent, moyennant finances, comme épouses.Dans ce genre de pratiques il n'y a ni consentement, ni choix du conjoint par la victime, qui garde son rang et son statut d'esclave et peut être exposée à toute sorte de brimades.Dans l'affaire Hadijatou Mani Koraou, comme le permet du reste la loi pénale nigérienne révisée, une organisation de la société civile nigérienne, en l'occurrence l'association “Timidria” de lutte contre l'esclavage, est partie civile au procès.Hadijatou Mani Koraou a saisi la Cour de Justice de la CEDEAO parce que ses multiples recours devant les tribunaux nigériens semblent n'avoir pas produit d'effet, car la pratique de "Wahaya" semble être une pratique légale au regard de la coutume des communautés qui la pratiquent.La cérémonie d'ouverture de cette audience s'est déroulée à la Cour suprême, en présence notamment du président de l'Assemblée nationale, El Hadj Mahamane Ousmane, du Premier ministre, Seini Oumarou, du ministre de la Justice, Gardes des Sceaux, Dagra Mamadou, ainsi que de plusieurs magistrats et auxiliaires de la justice.Les présentes assises de la Cour de justice de la CEDEAO, qui se tiennent pour la première fois au Niger et pour la 2ème fois sur le territoire d'un des 15 Etats membres de l'organisation, sont présidées par l'honorable Aminata Mallé-Sanogo et de deux juges assesseurs : Awa Nana Daboya et El Mansour Tall.En procédant à l'ouverture officielle de cette audience, la présidente de la Cour, l'honorable Aminata Mallé-Sanogo, a dans une allocution, expliqué que "l'audience qui s'ouvre ce jour fait suite à l'Arrêt du 24 janvier 2008 qui a décidé dans l'affaire Dame Hadijatou Mani Koraou contre la République du Niger, que son instruction aura lieu ici même à Niamey en application de l'article 26 du Protocole de 1991, relatif à la Cour"."Cet article dispose: le siège de la Cour est fixé à Abuja par la Conférence. Toutefois, lorsque les circonstances ou les faits de la cause l'exigent, la Cour peut décider de siéger sur le territoire d'un autre Etat membre".Cette décision, a poursuivi la présidente de la Cour, a été prise en raison non seulement de l'état d'impécuniosité de la requérante, mais aussi et surtout de la nécessité d'assurer le libre accès à la justice de tous les citoyens de l'espace CEDEAO.La Cour de justice de la CEDEAO a déjà eu à siéger sur le territoire malien dans l'affaire Moussa Léo Keita contre la République du Mali.L'audience de la Cour qui s'est ouverte hier et qui est publique, est prévue pour durer cinq jours. Niamey - 08/04/2008Panapress
L’esclavage existe encore…. Par Vincent Pellegrini (1) — Associated Press : Un procès engagé contre le gouvernement du Niger par une femme qui affirme avoir été asservie pendant dix ans a débuté lundi devant un tribunal international. Il s’agit de la première affaire d’esclavage au Niger à être portée devant la justice. Elle l’a fait devant une instance internationale car elle «estime qu’elle ne peut obtenir une réparation équitable devant aucun tribunal au Niger», selon la coordinatrice Afrique de l’ONG Anti-Slavery International, Romana Cacchioli. Interdites par l’Afrique, des formes d’esclavage moderne persistent en effet en Mauritanie, au Niger et au Soudan, dans la région du Sahara. Selon Anti-Slavery International, 43.000 personnes sont ainsi asservies au Niger.

lundi 26 mai 2008

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Vendue à 12 ans, une Nigérienne a servi "d'esclave sexuelle" pendant dix ans
NIGER - 10 mai 2008 - APANEWS
Vendue à 12 ans, une jeune Nigérienne a servi d'"esclave sexuelle'' pendant 10 ans à un septuagénaire de son village, a révélé le président de l'association nigérienne contre l'esclavage ''TIMIDRIA'', Ilguillas Weilla, dans un entretien avec APA. Orpheline de père et originaire d'un village de Doguéraoua dans la région de Tahoua (centre-est), Hadijatou Mani Korao aujourd'hui âgée de 24 ans avait été vendue par son maître à «250.000 FCFA » à un septuagénaire qui possédait déjà quatre épouses et « sept autres esclaves sexuelles, utilisées comme domestiques », a poursuivi le président de TIMIDRIA. Weilla a rappelé que son organisation a « pu obtenir la libération de cette dame en même temps que 31 autres auxquelles des attestations de libération dites certificat d'affranchi ont été délivrées par leurs maîtres ». Cependant, la liberté fut sans répit pour Hadidjatou dont le maître continue de la réclamer comme étant sa femme alors même qu'en lieu et place d'un certificat de mariage, il existe plutôt un certificat d'affranchi qu'il avait lui-même délivré à la jeune femme. Mariée entre-temps à un homme qu'elle aimait, la jeune dame fut convoquée devant la justice par son ancien maître qui s'oppose à cette nouvelle union. Dans un premier temps, le tribunal a estimé qu'il n'y avait pas eu de mariage entre la jeune dame et son maître. Sur insistance de l'ancien maître qui a fait appel d'une telle décision de justice, poursuit M. Weila, « un autre tribunal a estimé qu'il y avait bel et bien mariage entre Hadijatou et son maître et que par conséquent cette dernière est coupable du délit de bigamie». Elle écope alors d'une peine de six mois d'emprisonnement ferme. « Le juge avait soutenu que la femme était une wayia, et qu'elle devait rester auprès de son maître. Il s'agit manifestement d'u déni de justice car la loi pénale nigérienne prévoit et punit le délit d'esclavage », a souligné le responsable de TIMIDRIA. Après plusieurs requêtes infructueuses devant les juridictions nigériennes et aidée par TIMIDRIA et quelques avocats, la jeune dame porta l'affaire devant la Cour de justice de la CEDEAO à Abuja, qui a accédé à cette demande en décidant de venir siéger à Niamey « en raison de l'état social » de la plaignante. Le procès engagé contre le gouvernement du Niger par Hadijatou Mani Korao, devant la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), tenu du 7 au 11 avril derniers à Niamey, constitue la première affaire d'esclavage au Niger à être portée devant la justice. La plaignante décida de poursuivre l'Etat du Niger qu'elle accuse de n'avoir rien fait pour empêcher sa servitude malgré l'adoption depuis 2003 d'une loi contre l'esclavage dans le pays. La Courde justice de la CEDEAO a remis pour le 27 octobre prochain, le délibéré dans le procès qui oppose cette jeune dame « qui fait partie d'un groupe de 32 autres femmes aidées à s'affranchir du joug de l'esclavage par TIMIDRIA », a indiqué M.Weila. Ces femmes, précise-t-il, «avaient quelque chose de commun : elles étaient toutes des Wayia, une pratique qui consiste à transformer la cinquième épouse en une esclave sexuelle ». « Mon maître ne m'avait pas épousée, mais je vivais avec lui comme son épouse, je travaillais pour ses autres femmes. Il me battait », avait raconté en marge de son procès Hadijatou Mani. A l'instar du Mali, du Burkina, et de la Mauritanie, « des pratiques esclavagistes persistent au Niger, sous diverses formes qui varient selon que l'on soit dans une société nomade ou sédentaire ». « Nous avons d'abord l'esclavage actif présent chez les nomades à savoir les Peuls, les Arabes, les Touareg et les Toubou, l'esclavage passif présent chez les peuples sédentaires de la bande sud-ouest du Niger », a précisé le président de TIMIDRIA. Selon lui, ce type d'esclavage implique des attributs des droits de propriétés qui pèsent sur les victimes ainsi que des pratiques discriminatoires dans le modèle de l'habitat avec la constitution dans plusieurs villages des quartiers dits « Dabey » (quartier d'esclaves), que l'on rencontre chez les Djerma-songhai, au sud-ouest du Niger. « Les esclaves n'étant pas autorisés à disposer de terre, utilisent celle de leurs maîtres, ce qui fait le lit de toute sorte de spoliations visibles à la fois à Niamey, la capitale et dans les autres contrées du pays » a conclu M.Weila. « Actuellement, nous avions été saisis d'un dossier portant sur plusieurs champs arrachés à des personnes taxées d'esclaves par des prétendus maîtres aux environs de Niamey, la capitale », a-t-il révélé. Au Niger, une loi criminalise l'esclavage qui est « puni d'une peine d'emprisonnement de 10 à 30 ans et d'une amende allant de 1.000.000 à 5.000.000 FCFA ». Selon une enquête réalisée en 2003 pour le compte de TIMIDRIA, on dénombre quelque 870.363 esclaves répartis entre six des huit régions du Niger, à l'exception de la Communauté urbaine de Niamey (la capitale) et de Diffa, dans l'extrême-est du pays.
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dimanche 27 avril 2008

Panapress 08/04/2008
Plainte pour délit d’esclavage au Niger
mardi 8 avril 2008, par temoust
Niamey, Niger – La Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) siège depuis lundi à Niamey en vue de statuer sur la plainte d’une citoyenne nigérienne contre son Etat pour "esclavagisme", indique-t-on de source officielle.
La plaignante, Mme Hadijatou Mani Koraou, 24 ans, et originaire de Dogaraoua, dans la région de Tahoua (centre) se dit avoit été “cédée” comme "Wahaya", une pratique de mariage encore en vigueur dans certaines communautés traditionalistes du Niger, où les maîtres et les propriétaires d’esclaves femmes les prennent ou les cèdent, moyennant finances, comme épouses.
Dans ce genre de pratiques il n’y a ni consentement, ni choix du conjoint par la victime, qui garde son rang et son statut d’esclave et peut être exposée à toute sorte de brimades.
Dans l’affaire Hadijatou Mani Koraou, comme le permet du reste la loi pénale nigérienne révisée, une organisation de la société civile nigérienne, en l’occurrence l’association “Timidria” de lutte contre l’esclavage, est partie civile au procès.
Hadijatou Mani Koraou a saisi la Cour de Justice de la CEDEAO parce que ses multiples recours devant les tribunaux nigériens semblent n’avoir pas produit d’effet, car la pratique de "Wahaya" semble être une pratique légale au regard de la coutume des communautés qui la pratiquent.
La cérémonie d’ouverture de cette audience s’est déroulée à la Cour suprême, en présence notamment du président de l’Assemblée nationale, El Hadj Mahamane Ousmane, du Premier ministre, Seini Oumarou, du ministre de la Justice, Gardes des Sceaux, Dagra Mamadou, ainsi que de plusieurs magistrats et auxiliaires de la justice.
Les présentes assises de la Cour de justice de la CEDEAO, qui se tiennent pour la première fois au Niger et pour la 2ème fois sur le territoire d’un des 15 Etats membres de l’organisation, sont présidées par l’honorable Aminata Mallé-Sanogo et de deux juges assesseurs : Awa Nana Daboya et El Mansour Tall.
En procédant à l’ouverture officielle de cette audience, la présidente de la Cour, l’honorable Aminata Mallé-Sanogo, a dans une allocution, expliqué que "l’audience qui s’ouvre ce jour fait suite à l’Arrêt du 24 janvier 2008 qui a décidé dans l’affaire Dame Hadijatou Mani Koraou contre la République du Niger, que son instruction aura lieu ici même à Niamey en application de l’article 26 du Protocole de 1991, relatif à la Cour".
"Cet article dispose : le siège de la Cour est fixé à Abuja par la Conférence. Toutefois, lorsque les circonstances ou les faits de la cause l’exigent, la Cour peut décider de siéger sur le territoire d’un autre Etat membre".
Cette décision, a poursuivi la présidente de la Cour, a été prise en raison non seulement de l’état d’impécuniosité de la requérante, mais aussi et surtout de la nécessité d’assurer le libre accès à la justice de tous les citoyens de l’espace CEDEAO.
La Cour de justice de la CEDEAO a déjà eu à siéger sur le territoire malien dans l’affaire Moussa Léo Keita contre la République du Mali.
L’audience de la Cour qui s’est ouverte hier et qui est publique, est prévue pour durer cinq jours.
Niamey - 08/04/2008
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10/04/2008 8.24.26Au Niger, un verdict attendu pour la lutte contre l'esclavage
Une plainte pour esclavage déposée par une jeune nigérienne de 24 ans relance la polémique au Niger. La Cour de justice de la CEDEAO, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest examine depuis lundi la plainte d'Adidjatou Mani Koraou, vendue à l'âge de 12 ans. Un esclavage « tabou », qui avait pourtant été reconnu en 2001 par les chefs coutumiers. Aujourd’hui, en dépit des lois en vigueur, les autorités nigériennes tiennent tête aux associations qui dénoncent plusieurs centaines de milliers d’esclaves. Le verdict de ce procès, attendu vendredi est donc très attendu. Ecoutez Waila Ilguilas, président de TIMIDRIA, l’unique association locale de lutte contre l’esclavage Propos recueillis par Bethsabée Salem.

jeudi 13 mars 2008

Article : la question de l’esclavage au Niger
L’esclavage reste un sujet tabou au Niger. Ni les autorités traditionnelles, ni les pouvoirs publics ne veulent être mis sur la sellette et désignés du doigt. Aussi, pour éviter l'accusation de complaisance sinon de complicité, les uns et les autres s'efforcent-ils d'étouffer toute tentative de poser le problème sur la place publique et d'en débattre. Faire silence sur les problèmes tiendrait lieu ainsi paradoxalement de solution. Or, cette politique du silence crée les conditions mêmes de la pérennité de l’esclavage.
Certes, aujourd'hui, la condition servile se manifeste, généralement, sous la forme d'une domination économique, mais cette situation ne résume pas à elle seule l'ensemble des rapports qui continuent de lier les esclaves à leurs anciens maîtres. À l'exploitation économique, s'ajoute, en effet, une mentalité d'exclusion qui, associée aux solidarités tribales, permet de pérenniser les diverses relations d'asservissement. Dans le milieu rural nigérien, l'esclave n'est pas un simple métayer cultivant la terre d'autrui, c'est avant tout un être dépossédé de sa personne. Considéré comme un bien, il est classé dans le patrimoine de son maître, au même titre que les biens mobiliers et immobiliers.
L’esclavage est d'abord le droit d'user, de disposer et parfois d'abuser des services d'une personne qui ne peut exprimer librement sa volonté. À l'opposé des formes contractuelles où le consentement et la volonté créent l'obligation juridique, on a affaire, ici, à un engagement dicté par un rapport de forces historique et matériel, légitimé par l'idéologie traditionnelle et la mentalité dominante et, au bout du compte, toléré par les autorités de l'État. En outre, l'existence d'une mentalité d'exclusion propre aux sociétés de castes, donne à l’esclavage nigérienne une spécificité propre : l'esclave n'y est pas seulement un domestique taillable et corvéable à merci, c'est aussi un être socialement inférieur.
En tant que victime de ce fléau, je réitère ses neufs propositions pour traduire dans les faits cette loi criminalisant l’esclavage au Niger et je voudrai que les nigériens s’engager la lutte pour l'éradication du phénomène :
* Application effective de la loi en vigueur qui prohibe les pratiques d'esclavage. Des décrets d'exécution doivent être édictés. Il faut également révoquer les juges ou tout autre fonctionnaire qui refuse d'exécuter les textes légaux. Approfondissement de la législation applicable, notamment par la pénalisation des faits de pratiques d'esclavage. Les responsables doivent pouvoir être déférés devant les tribunaux pour que justice soit rendue.
* Reconnaissance des organisations nigériennes de promotion et de défense des droits humains, notamment celles qui se consacrent à la lutte pour l'éradication de l’esclavage .
* Création d'un observatoire national des libertés qui aurait pour mission de s'assurer de la collaboration réelle des administrations de l'État dans la lutte contre l’esclavage.
* Réparation sous forme de dommages et intérêts pour tout préjudice avéré du fait de pratiques esclavagistes.
* Individualisation de terrains agricoles au profit de ceux qui travaillent effectivement la terre, car celle-ci doit revenir à ceux qui la cultivent.
* Radicalisation de la lutte contre les mentalités et les forces rétrogrades par une déconstruction de la légalisation religieuse de l’esclavage.
* Éducation et formation professionnelle pour tous, avec, notamment, une priorité aux zones de concentrations d'esclaves et anciens esclaves en vue de rattraper les retards accumulés par plusieurs générations ;
* Éducation aux droits de l'homme et à la lutte contre l’esclavage dans le cadre des programmes scolaires.
* Utilisation des média publics, radiophoniques et audiovisuels, pour développer des campagnes de sensibilisation, dans toutes les langues nationales, contre les pratiques d'esclavage et contre la survivance du phénomène.

mercredi 20 février 2008

DRIlguilas Weila, président de l’association Timidria, est un pionnier de la lutte contre l'esclavage au Niger.


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Souleymane Saddi Maazou pour Syfia International (France)Le 07-12-2007 (Publié sur internet le 12-12-2007 ) Esclavage : La parole à Ilguilas Weila : ''En finir avec ces pratiques d'un autre âge''Pionnier de la lutte contre l'esclavage au Niger et président de l’association Timidria, Ilguilas Weila se félicite de voir les mentalités évoluer positivement dans son pays. Les chefs religieux musulmans commencent, eux aussi, à se mobiliser. Rencontre.
Syfia International : Comment vous est venue cette volonté de lutter contre les pratiques esclavagistes au Niger ?Ilguilas Weila : Le souci de restaurer la dignité humaine m’a poussé avec mes camarades à embrasser cette lutte que je trouve noble. J’ai grandi dans l’Azawak (nord-ouest du Niger), une zone où le système de classes sociales est ancré dans les mentalités. Aux côtés des nobles vivent des moins nobles, des hommes libres et des esclaves. Depuis ma jeunesse, les conditions de vie difficiles de ces esclaves m’ont beaucoup préoccupé. J’ai vu les souffrances qu’ils enduraient. Dans cette zone, l’esclave était considéré comme une bête et travaillait pour son maître de jour comme de nuit sans aucune rémunération. Pour un rien, il recevait des coups de bâton. Insultes, privation de sommeil, gifles et refus d’assistance faisaient partie de son quotidien. Certains jours, il était même privé de ses devoirs religieux.Cette servilité et le silence complice des populations m’ont révolté. Avec le vent de la démocratie en 1991, nous avons créé l’association Timidria (fraternité en tamacheq, Ndlr) pour sensibiliser les gens. Il y a aussi eu la création d'écoles communautaires pour les enfants de classes serviles. Nous assistons juridiquement ces personnes, en portant à leur connaissance les conventions internationales sur les droits de l’Homme que le Niger a ratifiées.En 16 ans de lutte, nous avons libéré 310 esclaves. Mieux, les mentalités sont en train de changer. Qui a connu la région d’Azawak dans les années 1960 sait qu’aujourd’hui les choses évoluent positivement. Les gens sont en train d’ôter de leur tête cette idée saugrenue de considérer tous ceux qui ont la peau noire comme des esclaves, et ceux qui ont la peau blanche comme des nobles.Syfia International : Quelles sont les formes de l'esclavage au Niger aujourd'hui ? Ilguilas Weila : Il y a 10 groupes ethnolinguistiques au Niger et chaque groupe pratique l’esclavage à sa façon. Au cours de nos 16 années de lutte, nous avons classifié l’esclavage en trois grands groupes.D’abord, l’esclavage actif, qui se pratique dans les communautés nomades. Esclaves et maîtres vivent ensemble, les esclaves travaillant à longueur de journée. Ils conduisent les animaux aux pâturages, font les travaux domestiques et exploitent les terres cultivables. L’esclavage passif est lui vécu en zone sédentaire. Dans les parties ouest et sud du Niger, presque chaque village a son dabey, son quartier où vivent, à l’écart de leurs maîtres, des esclaves. Ces deux formes d’esclavage ont des traits communs. L’esclave est la propriété du maître et n’a pas le droit de posséder ne serait-ce qu’un lopin de terre. Ce sont pourtant, eux, les plus grands exploitants, mais pour le compte de leurs maîtres.Enfin, il y a ce que nous appelons l'esclavage moderne, qui concerne les petites filles domestiques.Syfia International : Quel bilan faites-vous, 4 ans après l’adoption de la loi criminalisant l’esclavage au Niger ? Ilguilas Weila : A notre niveau, le bilan est mitigé, voire négatif. Nous avions en effet fondé beaucoup d’espoir sur cette loi qui prévoit 3 à 5 années d’emprisonnement pour toute personne reconnue coupable de pratique esclavagiste. Nous avions bataillé pour son adoption par l’Assemblée nationale et sa promulgation par le président de la République. Nous sommes la première république en Afrique de l’Ouest à posséder une telle loi. La commission nationale des droits de l’Homme et des libertés fondamentales a même fait sa vulgarisation à travers tout le pays. Malheureusement, dans la pratique, cette loi est inexistante. Beaucoup de personnes continuent à vivre en silence la servitude, par ignorance des textes. C’est pourquoi nous réfléchissons à des mécanismes permettant la mise en œuvre effective de cette loi.Syfia International : Qu'est-ce qui explique, selon vous, l’implication récente des oulémas (chefs religieux musulmans, Ndlr) dans la lutte contre les pratiques esclavagistes ? Ilguilas Weila : Depuis que nous avons commencé notre combat, nous nous sommes heurtés à ce problème de religion. Si vous dites à quelqu’un d’arrêter ses pratiques esclavagistes honteuses parce que le Niger a signé des conventions internationales les interdisant, il vous répondra que c’est grâce à l’islam qu’il a des esclaves, car il les a hérités de ses grands-parents.C’est pour cette raison que nous avons réuni en novembre dernier à Niamey, à l’occasion d’un atelier national, des oulémas venus de toutes les régions du Niger. Ils nous ont prouvé, Coran et Sunna (source législative du Coran, Ndlr) du Prophète à l’appui, que l’islam n’a jamais fait la promotion de l’esclavage. Nous leur avons demandé de nous aider à faire comprendre aux gens que ces pratiques sont anormales et contraires à l’islam. Les oulémas, tout comme la société civile, sont aujourd’hui nos alliés dans cette lutte.
Souleymane Saddi Maazou pour Syfia International (France)
Les opinions exprimées et les arguments avancés dans cet article demeurent l'entière responsabilité de l'auteur-e.Elles ne reflètent pas nécessairement les vues de Planète Urgence.
Au Niger, l'esclavage n'est pas aboli
Bilal, qui pose son bâton de berger en travers des épaules, la tête protégée du soleil dans son cheich noir, a marché une nuit entière pour conduire le troupeau vers l'un des rares puits de la région. Il attend son tour pour faire boire les animaux, et repartira le soir en sens inverse. Le troupeau que garde le petit homme maigre ne lui appartient pas. Pas plus qu'il ne se possède lui-même. S'il reçoit chaque mois une poignée de francs cfa pour de maigres dépenses personnelles, ce Nigérien noir est, comme des milliers d'autres, la propriété d'un Nigérien blanc, nomade arabe ou berbère. La réduction des Noirs en esclavage est une longue et douloureuse histoire. Outre la traite atlantique organisée par les Occidentaux, il y eut un esclavage pratiqué par des Noirs à l'égard d'autres Noirs ainsi qu'une traite négrière arabe et berbère, qui s'est poursuivie sans discontinuer du Moyen-Age au début du XXe siècle. Le présent porte les marques de ce passé. Aujourd'hui, dans les zones pastorales sahéliennes, les descendants d'esclaves restent des inférieurs. Et continuent, pour certains, d'appartenir corps et âme aux grandes familles d'éleveurs nomades. Ils subissent coups et mauvais traitements, doi... Article de 561 mots
Antoine de RavignanAlternatives Internationales - n°34 - Mars 2007

mercredi 6 février 2008


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Voici les esclaves du 21ème siècle: la forme la plus ancienne et la plus brutale du travail forcé. Ces femmes et ces enfants, qui viennent d’être vendus, quittent leurs villages dans le sud du Soudan pour aller rejoindre leurs nouveaux maîtres dans le nord. Oumou, lui, est un ancien esclave: il est libre depuis peu, mais il n’a pas oublié ce qu’il a vécu en captivité dès son plus jeune âge.
Oumou, ancien esclave
Mon maître m’avait même mis des chaînes aux pieds, parce qu’un jour j’avais laissé s’échapper les chevaux que je gardais. Et j’ai porté ces chaînes pendant deux ans.
On ne dispose pas de statistiques officielles sur le nombre actuel d’esclaves en Afrique occidentale, mais on sait que l’esclavage est loin d’avoir disparu dans des pays comme le Niger, le Soudan et la Mauritanie.
Oumou, ancien esclave
Mon maître m’avait même mis des chaînes aux pieds, parce qu’un jour j’avais laissé s’échapper les chevaux que je gardais. Et j’ai porté ces chaînes pendant deux ans.
On ne dispose pas de statistiques officielles sur le nombre actuel d’esclaves en Afrique occidentale, mais on sait que l’esclavage est loin d’avoir disparu dans des pays comme le Niger, le Soudan et la Mauritanie. On ne dispose pas de statistiques officielles sur le nombre actuel d’esclaves en Afrique occidentale, mais on sait que l’esclavage est loin d’avoir disparu dans des pays comme le Niger, le Soudan et la Mauritanie.
Dans un rapport et un film récents, l’Organisation internationale du Travail, l’OIT, dénonce précisément la réalité de l’esclavage moderne et propose des actions concrètes pour le combattre. Dans un rapport et un film récents, l’Organisation internationale du Travail, l’OIT, dénonce précisément la réalité de l’esclavage moderne et propose des actions concrètes pour le combattre.
Comme au Niger, par exemple. Ici, les chefs de tribu traditionnels ont toujours une grande influence sur le fonctionnement de la société. C’est pourquoi l’OIT s’efforce d’obtenir leur soutien dans la lutte contre le travail forcé. Comme au Niger, par exemple. Ici, les chefs de tribu traditionnels ont toujours une grande influence sur le fonctionnement de la société. C’est pourquoi l’OIT s’efforce d’obtenir leur soutien dans la lutte contre le travail forcé.
Chef Amirou Nohou
Nous comptons vraiment sur l’OIT pour nous aider à renforcer notre autorité. C’est très important si nous voulons venir à bout de l’esclavage.
La campagne de l’OIT, axée sur la sensibilisation des enfants scolarisés et de leurs professeurs, vise à encourager l’esprit de tolérance et le respect entre les différentes communautés ethniques et religieuses du pays. Mais l’éradication de l’esclavage passe aussi par la lutte contre la pauvreté.
Chef Amirou Nohou
Nous comptons vraiment sur l’OIT pour nous aider à renforcer notre autorité. C’est très important si nous voulons venir à bout de l’esclavage.
La campagne de l’OIT, axée sur la sensibilisation des enfants scolarisés et de leurs professeurs, vise à encourager l’esprit de tolérance et le respect entre les différentes communautés ethniques et religieuses du pays. Mais l’éradication de l’esclavage passe aussi par la lutte contre la pauvreté. La campagne de l’OIT, axée sur la sensibilisation des enfants scolarisés et de leurs professeurs, vise à encourager l’esprit de tolérance et le respect entre les différentes communautés ethniques et religieuses du pays. Mais l’éradication de l’esclavage passe aussi par la lutte contre la pauvreté.
Bazoum Mohamed, député
Soyons réalistes: si l’on veut vraiment éliminer l’esclavage, il faut promouvoir le développement et la création d’emplois dans les zones rurales, de façon à aider les personnes qui sont exposées à cette forme primaire de dépendance qu’est l’esclavage.
Certes, les esclaves modernes ne sont plus enchaînés et ne travaillent plus dans des plantations, mais, au Niger comme dans d’autres pays, ils sont des millions d’hommes, de femmes et d’enfants à subir le travail comme une condamnation à perpétuité.
Bazoum Mohamed, député
Soyons réalistes: si l’on veut vraiment éliminer l’esclavage, il faut promouvoir le développement et la création d’emplois dans les zones rurales, de façon à aider les personnes qui sont exposées à cette forme primaire de dépendance qu’est l’esclavage.
Certes, les esclaves modernes ne sont plus enchaînés et ne travaillent plus dans des plantations, mais, au Niger comme dans d’autres pays, ils sont des millions d’hommes, de femmes et d’enfants à subir le travail comme une condamnation à perpétuité. Certes, les esclaves modernes ne sont plus enchaînés et ne travaillent plus dans des plantations, mais, au Niger comme dans d’autres pays, ils sont des millions d’hommes, de femmes et d’enfants à subir le travail comme une condamnation à perpétuité.
Miguel Shapira, Télévision de l’OIT A des milliers de kilomètres de Niamey, Niger, au siège de l’Organisation internationale du Travail, à Genève, l’élimination du travail forcé est toujours un des objectifs prioritaires de l’OIT, comme elle l’était déjà lors de sa fondation il y a huit décennies. Après tant d’années, le travail forcé devrait appartenir au passé, mais, comme nous venons de le voir, il est toujours bien d’actualité.
Miguel Shapira, Télévision de l’OIT A des milliers de kilomètres de Niamey, Niger, au siège de l’Organisation internationale du Travail, à Genève, l’élimination du travail forcé est toujours un des objectifs prioritaires de l’OIT, comme elle l’était déjà lors de sa fondation il y a huit décennies. Après tant d’années, le travail forcé devrait appartenir au passé, mais, comme nous venons de le voir, il est toujours bien d’actualité.