lundi 24 décembre 2007

L’ESCLAVAGE DANS L’ESPACE NIGÉRIEN PRECOLONIAL


Written by Pr Djibo Hamani (AS-SALAM N°100 Zoul hidja 1428 - Octobre 2007)
Monday, 24 December 2007
On le retrouve partout, dans toutes les sociétés et à toutes les époques. La possession des esclaves fut pendant longtemps l’apanage de groupes dirigeants surtout ceux des États centralisés comme le Katsina, le Gobir, le Songai ou le Borno ou dans les sociétés pastorales Touareg. Avec le développement économique et l’expansion commerciale, apparut une nette différenciation entre dirigeants et dirigés, entre possédants et hommes du peuple. Dans l’État Songai, dès le VIII è siècle apparaît cette distinction dans le cadre des relations commerciales établies entre le nouvel État nord-africain de Tahert et le Songai ; la classe dirigeante, de plus en plus nombreuse, de plus en plus riche s’entoure d’une importante domesticité constituée d’esclaves pris à la guerre. Une partie de ces prisonniers de guerre était au besoin vendue soit localement, soit aux marchands venus d’Afrique du Nord, soit aux Touareg convoyeurs de caravanes. Quand le nombre des prisonniers de guerre asservis devint encore plus important on en installa une partie dans les champs pour la production agricole. Ce schéma se retrouve aussi bien au Borno que dans les États Hausa et il n’est pas loin de celui qu’expérimentèrent les sociétés pastorales touareg.
Dans les États hausa, l’accroissement des richesses favorisé par l’expansion économique de Kano et Katsina du XVe au XVIIIe siècle puis l’apparition de l’Empire de Sokoto au XIXe ont contribué à l’extension de la pratique de l’esclavage. Certains esclaves issus directement des opérations militaires étaient destinés à la vente, mais la plupart restaient au service du maître ou de sa famille et se répartissaient le plus souvent en trois groupes: -les cucanawa, né dans la captivité; ils ne pouvaient être vendus; lorsqu’ils appartenaient au groupe dirigeant, ils pouvaient occuper des fonctions aussi importantes que celles de ministres du roi, dirigeants d’armées, responsables de l’administration de la capitale, membres ou même présidents du Conseil Électif., jouir des richesses les plus étendues et posséder à leur tour leurs propres esclaves. -les rumzawa ou rundawa, esclaves producteurs installés sur les terres de culture; -les bayin gida, utilises pour les travaux domestiques. La relative mobilité sociale qui caractérise cette société affectait également la couche des esclaves. Dans son étude sur l’esclavage dans les États hausa de Kabi et Arewa, M. H. Piault remarque bien cette évolution qui correspond à un processus d’intégration dans la société d’accueil, à une sorte de “naturalisation” Il écrit (op.cit.p.345):”A la troisième génération la mutation s’achève, plus rien ne les attache à l’extérieur, ils reçoivent à la naissance les scarifications qui signifient leur appartenance au lignage et par là étendent sur eux la protection du groupe tout entier qui les reconnaît comme siens” Les esclaves ont certes été nombreux dans certains secteurs da la société hausa mais ce processus continu d’intégration, ajouté à la suppression officielle de la pratique il y a un siècle, rend malaisée une appréhension correcte du système. Dans la plupart des régions hausa aujourd’hui, surtout celles qui ont connu une économie marchande, des industries de transformations et une grande ouverture sur l’extérieur, il est parfois difficile de faire la part entre hommes libres et esclaves d’autrefois. Cette remarquable capacité d’intégration des hommes et des traits de civilisation que recèlent les sociétés hausa explique sans doute le dynamisme qu’on leur connaît. Les sociétés pastorales des Kel Tamajaq présentent, sur cette question, des traits spécifiques qui l’éloignent aussi bien des sociétés sédentaires hausa que des prescriptions islamiques en matière d’esclavage; il est d’ailleurs possible que l’éclat de cette particularité provienne surtout de l’abondance des matériaux dont nous disposons sur l’esclavage en milieu Touareg. C’est qu’en effet les survivances de cette pratique sont particulièrement vivaces dans les milieux des pasteurs Touareg, mais aussi Arabes. Comme l’écrivent E. et S. Bernus dans un article sur l’esclavage, « Parler de l’esclavage dans les sociétés paysannes, c’est souvent se livrer à une tentative de reconstitution historique, à partir de survivances qui peuvent être diversement interprétées. Dans certaines sociétés pastorales, en particulier chez les Touareg, l’esclavage est un phénomène sinon actuel, du moins si récent et encore si présent qu’on peut l’étudier in situ ». Cette assertion, qui date de plus d’un quart de siècle déjà, est toujours valable même si on doit reconnaître que de nouveaux pans du système se sont effondrés depuis. La survivance et les caractéristiques des pratiques esclavagistes sont liées à la fois à l’histoire des peuples Touareg, à l’environnement physique actuel, et à l’attitude des administrations coloniales et post-coloniales à l’égard de la question. J’ai déjà traité de l’histoire du peuple Touareg , de sa formation progressive, des conditions de son établissement à la lisière sud du Sahara où se constitua réellement la civilisation touareg qui est une synthèse d’apports venus du sud soudanais et du nord berbère et même méditerranéen. Les esclaves étaient d’abord des membres de tribus berbères vaincues à la guerre ; le fait apparaît encore au XVe siècle et certaines sources orales le signalent pour des périodes encore plus récentes. Pendant plusieurs siècles, les pasteurs Berbères blancs ont vécu à côté des populations soudanaises qu’ils ont trouvées dans l’ Ayar, l’Adghagh des Ifoghas ou l’Adrar mauritanien. Il semble que vers le XVe siècle, et peut-être avant, il y eut en Ayar une surcharge démographique, puisqu’on voit des groupes Touareg se livrer des guerres pour le contrôle des vallées. A cette époque, les groupes soudanais qui n’avaient pas encore émigré vers le sud furent attaqués. Les sources orales disent que la plus grande partie d’entre eux se réfugièrent auprès des Kel Away, à cause de leur remarquable tolérance et finirent par se mélanger à eux, mais une partie des soudanais fut tout de même vaincue et constitua, en Ayar, les premiers Ikan Touareg. Au contraire de ce que l’on observe dans la société hausa, ici, le temps estompe rarement la distinction entre statut d’homme libre et statut servile. L’affranchissement intervient pourtant assez souvent mais les bénéficiaires resteront ad vitam aeternam identifiés comme “anciens esclaves”. Pourtant, des sources orales n’hésitent pas à affirmer que certains groupes classés aujourd’hui dans la catégorie d’ « anciens esclaves » comme les Ighawellan ne l’ont en réalité jamais été, et qu’il s’agirait de populations autochtones libres trouvées sur place par les Berbères et progressivement réduites à un statut subalterne puis assimilées abusivement aux esclaves noirs acquis par les Berbères au cours des guerres et surtout des rapts d’enfants. C’est qu’en effet, ici intervient une distinction somatique qui a facilité l’apparition de clichés dont les Kel Tamajaq euxmêmes sont les victimes: les captifs ont la peau noire, les hommes libres sont blancs (ou rouges, selon la terminologie locale). Pourtant, la classification sociale des Kel Tamajaq eux-mêmes n’utilise pas ce critère somatique, mais les hommes ont fini par en abuser. E.et S. Bernus signalent l’aventure arrivée à un des plus grands guerriers des Kel Dinnig nommé Fellan qui fut capturé au cours d’une guerre qui les opposa aux Kel Ataram. Comme il était noir, il fut assimilé à un esclave et soumis à un traitement humiliant. C’est à la faveur d’une attaque dont ses maîtres furent victimes que se révélèrent ses qualités guerrières et qu’il dévoila son identité. La colonisation française aborda le monde touareg selon des critères purement raciaux et racistes. Pourtant, un de ses premiers administrateurs, Clauzel, avait à propos du terme akli, mis en garde en disant: « Il faut immédiatement ajouter que ce nom recouvre une situation juridique et non une race. Un akli pourrait très bien être un blanc. » C’est ce que confirme le Dictionnaire du Père De Foucault, un autre Français, qui écrit : « akli signifie esclave, de n’importe quelle couleur. Ex, j’ai deux esclaves, une noire et une blanche. » Le colonisateur français exprima sa préférence pour une hiérarchie basée sur la couleur de la peau et on vit d’anciennes rotures magnifiées et d’anciennes aristocraties dévalorisées parce que noires ou métissées. Cette nouvelle hiérarchie d’importation s’est largement acclimatée dans l’imaginaire et la rhétorique des groupes imghad. La politique française laissa en outre intacte la structure esclavagiste intacte jusqu’aux soulèvements de 1916-1917 ,après lesquels elle voulut punir l’aristocratie en démantelant ses territoires de commandement au profit des Ineslemen considères comme plus dociles malgré la méfiance qu’inspirait leur référence à l’Islam. La politique qui consistait à maintenir le statu quo ante global fut pourtant maintenue comme le montre le contenu de la Convention de Tera imposée par le colonisateur entre les imghad Allachatan et leurs Iklan en 1942. Bernus écrit à ce sujet: « Dans cette Convention on maintient expressément les Bella dans leur condition servile, tout en leur permettant de posséder des animaux en propre », à condition qu’ils s’engagent à suivre et à servir les Allachaten, les hommes comme cultivateurs et bergers, les femmes comme pileuses. « En contrepartie, les maîtres s’engagent à payer l’impôt de leurs Bella, à les vêtir et à ne pas s’approprier, comme la coutume le leur permet, tout ou partie des animaux laissés par ceux-ci ». En 1950 encore, F.Nicolas appelait la France à la restauration de l’ordre ancien dans l’Azawagh ; il écrivait: « La race des chefs n’est pas éteinte et une restauration de l’autorité sur les bases anciennes en utilisant ce que les indigènes eux-mêmes respectent n’est pas impossible avec de la prudence et du tact. » (Tamesna.p.106). Aucun changement n’intervint après l’indépendance du pays, aucune rupture dans l’ordre ancien. Il est vrai que personne aujourd’hui au Niger ne peut “réclamer” un esclave, mais dans la réalité, le système de “wahayya” persiste dans beaucoup de nos régions au vu et au su des autorités politiques, administratives et judiciaires si promptes par ailleurs à parler de liberté, de droits de l’homme et du trop fameux État de droit. Cette pratique, qui reconnaît à l’homme le droit à une femme-esclave (wahayya) est en totale contradiction avec les lois qui abolissent et punissent l’esclavage. L’esclavage est en principe aboli mais les liens de dépendance sont perpétués par le maintien des anciens dépendants sous la coupe administrative de leurs anciens maîtres même lorsqu’ils émigrent loin de leur terre d’origine. Il s’agit là d’ailleurs d’une pratique qui favorise dans tout le pays le maintien des liens de dépendance traditionnels et freine le mouvement d’intégration des populations et le renforcement de l’unité nationale. Malgré le décret du 12 Décembre 1905, l’esclavage a persisté dans les colonies françaises avec la complicité du colonisateur luimême qui ne se gêna d’ailleurs pas pour soumettre les colonisés aux travaux forcés jusqu’en 1946. Malgré des progrès imposés par le temps et par le mouvement d’insoumission des asservis, cette pratique s’est maintenue sous des formes variées allant de la servitude classique aux pratiques mesquines ou humiliantes qui font que, dans le Niger d’aujourd’hui il y a, en plus de la division entre pauvres et riches, celle qui distingue les esclaves ou anciens esclaves et hommes libres. Il convient de souligner une certaine disponibilité de l’Etat à aller dans le sens du combat contre les survivances de l’esclavage. Il revient aux défenseurs des droits de l’entraîner dans ce combat car c’est en son sein que se trouvent les plus grandes forces de résistance. Pour que la loi de 2003 qui criminalise les pratiques esclavagistes soit effectivement appliquée, il faut un puissant courant populaire qui donne aux juges et aux administrateurs régionaux courage et appui. La chefferie a également, il y a quelques années, pris l’engagement de s’impliquer dans ce combat qui la concerne au premier chef comme l’ont reconnu certains de ses membres. Les organisations antiesclavagistes doivent trouver les moyens de transformer cet engagement en acte concret. Enfin les ulamâ’, ceux qu’on utilise pour justifier l’esclavage ou qui le font par une lecture erronée des textes, doivent être entraînés dans des débats publics et contradictoires pour démolir une fois pour toutes leur argumentation fallacieuse. La vulgarisation des textes islamiques relatifs à l’esclavage sera une puissante arme entre les mains de ceux qui combattent pour la liberté, car, il faut bien le reconnaître, nos cadres sont beaucoup plus à l’aise avec les textes produits pour gérer la société française qu’avec ceux qui, comme le Coran ou les recueils de hadith, continuent à gérer leur propre société. Il convient enfin de reconnaître que les conditions qui favorisent le maintien des pratiques esclavagistes sont surtout économiques. Dans certaines zones pastorales, les anciens maîtres continuent, malgré leur appauvrissement, à être les seuls détenteurs de troupeaux; la dépendance des anciens esclaves à leur égard permet donc la perpétuation de liens qui sont officiellement abolis. Il s’agit le plus souvent de régions où les possibilités pour les dépendants de se prendre en charge grâce à l’obtention d’un emploi salarié sont inexistantes. Certains pourraient invoquer l’état d’aliénation des hommes assujettis; mais ce comportement d’aliéné disparaîtra rapidement dès que le cordon ombilical disparaîtra avec l’éducation moderne et l’émancipation économique. C’est ici que le rôle de l’Etat peut être déterminant en jouant comme un accélérateur : la scolarisation des enfants issus de ces milieux dominés et aliénés, la création d’emplois et l’application ferme de la loi contre l’asservissement permettront sans aucun doute de faire des pratiques esclavagistes un souvenir rejeté dans les poubelles de l’histoire.

vendredi 21 décembre 2007

Interview de Ilguilas Weila, président de l’association Timidria, un pionnier de la lutte contre l'esclavage au Niger par Syfia International.

Syfia International : Comment vous est venue cette volonté de lutter contre les pratiques esclavagistes au Niger ?
Ilguilas Weila :
Le souci de restaurer la dignité humaine m’a poussé avec mes camarades à embrasser cette lutte que je trouve noble. J’ai grandi dans l’Azawak (nord-ouest du Niger), une zone où le système de classes sociales est ancré dans les mentalités. Aux côtés des nobles vivent des moins nobles, des hommes libres et des esclaves. Depuis ma jeunesse, les conditions de vie difficiles de ces esclaves m’ont beaucoup préoccupé. J’ai vu les souffrances qu’ils enduraient. Dans cette zone, l’esclave était considéré comme une bête et travaillait pour son maître de jour comme de nuit sans aucune rémunération. Pour un rien, il recevait des coups de bâton. Insultes, privation de sommeil, gifles et refus d’assistance faisaient partie de son quotidien. Certains jours, il était même privé de ses devoirs religieux.Cette servilité et le silence complice des populations m’ont révolté. Avec le vent de la démocratie en 1991, nous avons créé l’association Timidria (fraternité en tamacheq, Ndlr) pour sensibiliser les gens. Il y a aussi eu la création d'écoles communautaires pour les enfants de classes serviles. Nous assistons juridiquement ces personnes, en portant à leur connaissance les conventions internationales sur les droits de l’Homme que le Niger a ratifiées.En 16 ans de lutte, nous avons libéré 310 esclaves. Mieux, les mentalités sont en train de changer. Qui a connu la région d’Azawak dans les années 1960 sait qu’aujourd’hui les choses évoluent positivement. Les gens sont en train d’ôter de leur tête cette idée saugrenue de considérer tous ceux qui ont la peau noire comme des esclaves, et ceux qui ont la peau blanche comme des nobles.
Syfia International : Quelles sont les formes de l'esclavage au Niger aujourd'hui ?

Ilguilas Weila : Il y a 10 groupes ethnolinguistiques au Niger et chaque groupe pratique l’esclavage à sa façon. Au cours de nos 16 années de lutte, nous avons classifié l’esclavage en trois grands groupes.D’abord, l’esclavage actif, qui se pratique dans les communautés nomades. Esclaves et maîtres vivent ensemble, les esclaves travaillant à longueur de journée. Ils conduisent les animaux aux pâturages, font les travaux domestiques et exploitent les terres cultivables. L’esclavage passif est lui vécu en zone sédentaire. Dans les parties ouest et sud du Niger, presque chaque village a son dabey, son quartier où vivent, à l’écart de leurs maîtres, des esclaves. Ces deux formes d’esclavage ont des traits communs. L’esclave est la propriété du maître et n’a pas le droit de posséder ne serait-ce qu’un lopin de terre. Ce sont pourtant, eux, les plus grands exploitants, mais pour le compte de leurs maîtres.Enfin, il y a ce que nous appelons l'esclavage moderne, qui concerne les petites filles domestiques.

Syfia International : Quel bilan faites-vous, 4 ans après l’adoption de la loi criminalisant l’esclavage au Niger ?

Ilguilas Weila :
A notre niveau, le bilan est mitigé, voire négatif. Nous avions en effet fondé beaucoup d’espoir sur cette loi qui prévoit 3 à 5 années d’emprisonnement pour toute personne reconnue coupable de pratique esclavagiste. Nous avions bataillé pour son adoption par l’Assemblée nationale et sa promulgation par le président de la République. Nous sommes la première république en Afrique de l’Ouest à posséder une telle loi. La commission nationale des droits de l’Homme et des libertés fondamentales a même fait sa vulgarisation à travers tout le pays. Malheureusement, dans la pratique, cette loi est inexistante. Beaucoup de personnes continuent à vivre en silence la servitude, par ignorance des textes. C’est pourquoi nous réfléchissons à des mécanismes permettant la mise en œuvre effective de cette loi.
Syfia International : Qu'est-ce qui explique, selon vous, l’implication récente des oulémas (chefs religieux musulmans, Ndlr) dans la lutte contre les pratiques esclavagistes ?

Ilguilas Weila : Depuis que nous avons commencé notre combat, nous nous sommes heurtés à ce problème de religion. Si vous dites à quelqu’un d’arrêter ses pratiques esclavagistes honteuses parce que le Niger a signé des conventions internationales les interdisant, il vous répondra que c’est grâce à l’islam qu’il a des esclaves, car il les a hérités de ses grands-parents.C’est pour cette raison que nous avons réuni en novembre dernier à Niamey, à l’occasion d’un atelier national, des oulémas venus de toutes les régions du Niger. Ils nous ont prouvé, Coran et Sunna (source législative du Coran, Ndlr) du Prophète à l’appui, que l’islam n’a jamais fait la promotion de l’esclavage. Nous leur avons demandé de nous aider à faire comprendre aux gens que ces pratiques sont anormales et contraires à l’islam. Les oulémas, tout comme la société civile, sont aujourd’hui nos alliés dans cette lutte.