mercredi 20 février 2008

Au Niger, l'esclavage n'est pas aboli
Bilal, qui pose son bâton de berger en travers des épaules, la tête protégée du soleil dans son cheich noir, a marché une nuit entière pour conduire le troupeau vers l'un des rares puits de la région. Il attend son tour pour faire boire les animaux, et repartira le soir en sens inverse. Le troupeau que garde le petit homme maigre ne lui appartient pas. Pas plus qu'il ne se possède lui-même. S'il reçoit chaque mois une poignée de francs cfa pour de maigres dépenses personnelles, ce Nigérien noir est, comme des milliers d'autres, la propriété d'un Nigérien blanc, nomade arabe ou berbère. La réduction des Noirs en esclavage est une longue et douloureuse histoire. Outre la traite atlantique organisée par les Occidentaux, il y eut un esclavage pratiqué par des Noirs à l'égard d'autres Noirs ainsi qu'une traite négrière arabe et berbère, qui s'est poursuivie sans discontinuer du Moyen-Age au début du XXe siècle. Le présent porte les marques de ce passé. Aujourd'hui, dans les zones pastorales sahéliennes, les descendants d'esclaves restent des inférieurs. Et continuent, pour certains, d'appartenir corps et âme aux grandes familles d'éleveurs nomades. Ils subissent coups et mauvais traitements, doi... Article de 561 mots
Antoine de RavignanAlternatives Internationales - n°34 - Mars 2007

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